Cet ouvrage est issu d’une série de conférences œcuméniques dans un grand auditorium de l’Université de Strasbourg, en tandem avec Michel Deneken, théologien catholique. Celui-ci aurait dû co-signer cet ouvrage, mais sa récente nomination comme Président de l’Université de Strasbourg, l’a empêché de mener ce projet à terme (j’ai toutefois cité un certain nombre des ses réflexions sur le sujet).
Sept œuvres d’art célèbres du 6e au 20e siècles (Ravenne, Grünewald, Cranach, Rembrandt, Van Gogh, Burnand, Dix), ainsi qu’une création originale et surprenante du 21e siècle (Valérie Colombel), sont analysées d’un point de vue historique et esthétique. Le langage de l’art doit en effet être d’abord compris pour lui-même, en tant que création autonome, à partir de son matériau plastique propre, mais aussi de ses conditions d’élaboration et de production.
L’interprétation de ces œuvres se poursuit par une analyse biblique et théologique. On verra comment elles peuvent conjuguer des interprétations fidèles des textes bibliques avec des créations visuelles qui parfois s’en écartent. C’est que l’image requiert l’imaginaire, c’est-à-dire une capacité de création propre, qui témoigne avant tout de l’effet produit par les textes bibliques sur les artistes. L’art est un langage performatif. Les artistes nous rendent compte de l’expérience émotive, artistique ou spirituelle qu’ils ont vécue devant des récits présentant sous une forme narrative l’idée et la réalité de la résurrection. Ils transforment la narration en figuration. Ils invitent ensuite les spectateurs à faire une expérience analogue, qui peut se faire dans les deux sens : soit lire le texte biblique après avoir contemplé l’œuvre, soit prolonger et actualiser la lecture du texte par l’observation de la représentation plastique.
Parmi ces huit œuvres, cinq ont été réalisées par des artistes de confession ou de culture protestantes (deux luthériens et trois réformés), ce qui jette un démenti sur le prétendu désintérêt du protestantisme pour les œuvres d’art, même s’il est vrai que l’interdit de la représentation de Dieu est chez ces artistes plus strictement respecté qu’ailleurs.
Il ne s’agit pas d’un ouvrage d’art, mais d’un ouvrage de théologie sur l’art (ou de théologie des arts visuels), ce qui fait que c’est le texte qui porte d’abord l’ouvrage. Les 8 représentations en quadrichromie ne sont là que comme support, et elles sont de qualité moyenne. Le lecteur se consolera en allant les retrouver sur Internet, puisque ces œuvres, très connues, sont facilement accessibles en ligne (sauf la dernière, mais il est possible de voir la mosaïque en suspension exposée in situ dans le musée du Hiéron à Paray-le-Monial en 2011, en allant sur le site Internet de son auteur, Valérie Colombel).
Souvent les acteurs pastoraux, pasteurs, prédicateurs, me demandent des visuels sur ces thèmes bibliques - ici la résurrection - puis me demandent ensuite des commentaires sur les visuels en question : les voici, concernant 8 œuvres (chacune pouvant facilement faire l’objet d’une séance d’animation, de méditation, de réflexion).
En introduction et en conclusion, sont donnés des conseils pour une méthodologie et une démarche herméneutique appropriées, visant à bien penser le lien (qui fonctionne dans les deux sens) entre images et textes, œuvres d’art et thèmes, textes ou figures bibliques.