Donna Shasteen par Laurence Mottier
Donna Shasteen : The Spirit Searches
par Laurence Mottier
Ce feu du ciel déployant ses ailes rougeoyantes sur le monde, est-il signe du jugement divin qui incendie et condamne ou est-il signe d’une Présence audacieuse qui ravive nos vies ?
Notre imaginaire a tendance à voir dans le feu céleste un signe de destruction émanant d’un dieu colérique et revanchard, perché tout là-haut et foudroyant les impies que nous sommes. Mais voilà que le ciel de notre Pentecôte vibre de flammes ardentes et vivifiantes, déposées sur la tête de chaque disciple et ouvrant des possibles totalement insoupçonnés à leurs yeux et aux oreilles du monde (Actes des Apôtres 2, 1à13)
Et je vois dans l’œuvre de Donna Shasteen cette chaude présence de l’Esprit de vie, qui dépeint l’ardeur du désir de Dieu pour nous, en se dévoilant en même temps dans la délicatesse d’un oiseau dont le bec dépose, au cœur de notre monde enténébré, sa lumière vivante.
L’embrasement du notre ciel n’est pas alors signe d’apocalypse mais signe d’une présence qui se donne au monde pour y semer renaissance et nouveautés.
L’aile déployée balaye le froid, l’aride, l’obscur et le désolé ; son rougeoiement déchire le rideau de nos nuits pour y insuffler un incroyable élan d’amour. Une force de vie renouvelée.
Que j’ai hâte de recevoir en moi cette touche précise et bienfaisante de l’Envoyé de Dieu ! Douceur d’un bec qui dit l’attention que notre Dieu porte à chaque être humain et à moi en particulier !
Que je soupire après cette force ardente, brûlante d’amour, ce désir de Dieu pour notre humanité, seuls capables de renverser nos logiques de mort, nos empires de haine et de violence, dont les capacités de nuire à autrui et à toute la création semblent infinies…
Dieu le Vivant est à notre recherche ; il cherche nos âmes et nos vies pour y enflammer des choses nouvelles et inédites : des pêcheurs illettrés, des collecteurs d’impôts, des femmes insoumises ont reçu le don de parler d’autres langues pour transmettre l’Evangile du Christ aux peuples présents à Jérusalem en ce jour de Pentecôte.
L’Esprit du Christ ne se transmet pas dans une langue unique et sainte mais il se fait entendre et comprendre dans toutes les langues et les cultures humaines…notre Dieu est interculturel ; il franchit toutes les frontières que nous érigeons ; il casse nos codes et nos sécurités illusoires ; il est en quête de tout humain et de notre humanité toute entière et son Evangile n’appartient à personne, ni aux Juifs, ni aux Grecs, ni aux Occidentaux, ni à un peuple particulier, ni à une Eglise chrétienne plutôt qu’à une autre…
A Pentecôte, l’Esprit - cet oiseau de feu – n’est pas d’abord donné à un petit cercle d’élus qui resteront dans un huis-clos douillet et confortable mais il touche et entraîne les ami-e-s de Jésus à aller transmettre cet élan d’amour à toute personne et à tout endroit. C’est le monde entier qui s’ouvre aux yeux ébahis des disciples ! La communauté chrétienne, c’est finalement la communauté des hommes et des femmes qui vivent sur cette terre. Ni conquête, ni impérialisme là-dedans : c’est juste que le chemin vers Dieu passe toujours par le service du prochain, quel qu’il soit, parole du Christ des Evangiles.
Mais nous aimons maîtriser Dieu et bâtir des empires et des religions ; nous tentons constamment de l’endiguer dans nos connaissances, nos traditions, nos rituels et nos institutions. Lui n’a de cesse de briser cages et carcans pour redéployer ses ailes, libre et couvant notre monde avec amour.
L’Esprit sans cesse invente Dieu, aujourd’hui comme hier, pour que jamais nous ne puissions l’enfermer dans un quelconque absolu. Et toujours à nouveau il vient à nous avec amour, ardent, audacieux, libre et il nous entraîne à sa suite…
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Donna Shasteen : The Spirit Searches, acrylic triptych, 60 x 90 cm. www.donnashasteen.com
Laurence Mottier, pasteure
8 juin 2014 Pentecôte